À propos de l’insécurité alimentaire à Montréal

Près de 16% des familles montréalaises se sont trouvées en situation d’insécurité alimentaire en 2021

Statistiques Canada, 2023

L’insécurité alimentaire augmente partout au pays. L’inflation, la hausse prix du panier d’épicerie ainsi que la hausse du prix des loyers dans un contexte de crise du logement sont parmi les principaux facteurs ayant causé une augmentation de l’insécurité alimentaire chez les ménages québécois.

On estime qu’en mars 2023 ce sont 2 millions de Canadiennes et Canadiens qui auraient eu recours à une banque alimentaire, soit une hausse de 32% en comparaison à 2022 (Bilan Faim, 2023).

Avant de rentrer en profondeur dans les statistiques et données liées à l’insécurité alimentaire, il peut s’avérer pertinent de clarifier les concepts en situant l’insécurité alimentaire par rapport à la sécurité alimentaire.


Le concept de sécurité alimentaire est beaucoup plus large et englobant, alors que l’insécurité alimentaire est une question de manque de ressources financières.

LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE : UN DES PRINCIPAUX DÉTERMINANTS DE LA SANTÉ

Certains facteurs personnels, sociaux, économiques et environnementaux impacteront la santé des individus au courant de leur vie. On appel ces facteurs les «déterminants de la santé». 

Selon l’INSPQ, parmi la catégorie “environnement économique” des déterminants de la santé , on retrouve: le revenu, l’emploi, l’éducation, l’alphabétisme et la sécurité alimentaire (INSPQ, 2023).

En effet, en négligeant la quantité et la qualité des aliments consommés, divers risques nutritionnels peuvent survenir et ainsi mener au développement d’enjeux pour la santé, tels que des maladies chroniques.

Il est important de tenir compte que c’est le manque de ressources financières, résultant d’inégalités persistantes et de politiques sociales insuffisantes, qui constitue la principale cause d’insécurité alimentaire dans les ménages québécois (Observatoire québécois des inégalités, 2022).

Afin de mesurer le niveau d’insécurité alimentaire chez la population, on utilise le module d’enquête sur la sécurité alimentaire des ménages (MESAM) qui comporte 18 questions portant sur les ressources financières et l’accès à l’alimentation au fil des 12 derniers mois (Statistique Canada, 2023).

Les 3 paliers d’insécurité alimentaire sont divisés ainsi:

ÉTUDE 2022 : INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE CHEZ LES FAMILLES CANADIENNES

Un des faits saillants dans cette étude sur l’insécurité alimentaire chez les familles canadiennes réalisée en 2022 par Statistique Canada était que la majorité des familles, plus précisément 8 familles sur 10, vivant en situation d’insécurité alimentaire avaient des revenus supérieurs au seuil de la pauvreté.

D’autres composantes autres que le revenu étaient à considérer, par exemple:

  • La stabilité du revenu
  • La situation d’endettement
  • Le coût de la vie
  • L’accès au soutien provenant de la famille ou de la communauté

Le seuil de pauvreté repose sur la mesure du faible revenu fondée sur un panier de consommation (MPC).

La MPC établit des seuils de la pauvreté fondés sur le coût d’un panier de biens et de services (alimentation, habillement, logement, transport et autres) correspondant à un niveau de vie de base modeste pour les personnes hors famille et les familles.

Une famille dont le revenu disponible est inférieur au seuil de la pauvreté selon sa taille et sa région vivrait dans la pauvreté

Statistique Canada, 2022

Le Dispensaire diététique de Montréal estime à chaque année le prix du Panier à provisions nutritif et économique (PPNE) pour une famille de 4 individus. Alors qu’on observe une hausse du PPNE depuis plusieurs années, les données de 2023 ne font pas exception :

Source: Dispensaire diététique de Montréal, 2023

Toutefois, l’épicerie n’est pas la seule dépense ayant un impact important sur le portefeuille des personnes vivant au Québec : le loyer est une composante majeure à ne pas négliger. Comme nous le démontre le rapport Signes vitaux du Grand Montréal, «au cours des cinq dernières années, le coût moyen des logements a augmenté de 20 % dans le Grand Montréal» (Fondation du Grand Montréal, 2022).  

Le loyer, c’est une dépense incompressible, et les gens se nourrissent avec ce qu’il reste.

Louise Potvin, professeure à l’Université de Montréal et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les approches communautaires et les inégalités dans le domaine de la santé
Le Devoir, 2022
POPULATIONS À RISQUE DE VIVRE DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE

Selon le plus récent sondage de l’INSPQ regroupant des données de 2020-2023, les jeunes adultes entre 18-24 ans seraient le groupe d’âge souffrant le plus d’insécurité alimentaire.

Risque de vivre de l’insécurité alimentaire au Québec, selon le groupe d’âge.

À propos de l’insécurité alimentaire à Montréal

Source: INSPQ, 2023

Le graphique ci-haut témoigne du fait que le taux d’insécurité alimentaire est davantage inférieur chez les personnes âgées, et ce même constat est présent dans d’autres enquêtes réalisées au Québec et au Canada (Statistique Canada, 2023). Cependant, plusieurs autres considérations pouvant affecter la façon d’interpréter ces données sont à prendre en compte pour comprendre comment les personnes appartenant à ce groupe d’âge peuvent être impactées par l’insécurité alimentaire.

Pour en savoir plus, consultez notre webinaire réalisé à ce sujet: l’insécurité alimentaire chez les personnes ainées.

Les autres populations les plus à risque de vivre de l’insécurité alimentaire sont les suivantes:

  • Familles monoparentales, surtout avec présence d’une femme à leur tête
  • Les individus n’ayant pas de diplôme secondaire
  • Les individus sous l’aide sociale
  • Les personnes ayant immigré au pays au cours des 10 dernières années
  • Certains groupes de minorités visibles
  • Les personnes autochtones
  • Les personnes locataires, particulièrement celles vivant dans des logements subventionnés

Source: Statistique Canada, 2022

À propos de l’insécurité alimentaire à Montréal