Au total, sur les trois territoires étudiés – Montréal, Laval et la Montérégie- et pour l’année 2023-2024, le portrait a répertorié 468 financements, totalisant des sommes d’un peu plus de 23 millions de dollars, et ce, de la part de 18 partenaires financiers qui soutiennent des initiatives en sécurité alimentaire.
Quel est l’effet d’ensemble des partenaires financiers qui appuient le développement de systèmes alimentaires durables, inclusifs et résilients à Montréal ? Pouvons nous améliorer celui-ci afin de renforcer la sécurité alimentaire ?
En 2019, suite à la planification stratégique du Conseil SAM, Centraide avait réalisé un portrait du soutien financier aux organismes et actions en sécurité alimentaire sur l’île de Montréal. Après la COVID, et dans un contexte de besoins grandissants, la fondation s’est alliée au Conseil SAM afin de mettre à jour ce portrait, tout en l’étendant aux trois régions administratives de Laval, Montréal et de la Montérégie.
L’objectif général de cette recherche était de renforcer les connaissances des partenaires financiers sur les divers programmes de soutien financier pour les initiatives favorisant la sécurité alimentaire.
L’effet désiré était de poser des bases pour renforcer la complémentarité, la cohérence et l’arrimage du soutien financier alloué pour la sécurité alimentaire, et améliorer les mécanismes de financement pour mieux répondre aux besoins de la population.



Soutien à la sécurité alimentaire – Quelques faits saillants quantitatifs
- Les financements par projet prédominent parmi les financements recensés par l’étude, et ce, pour les trois régions: ils représentent au minimum 60 % des financements totaux de chaque territoire.
- Les financements octroyés pour un an ou moins sont les plus représentés parmi ceux répertoriés: ils varient entre 52 % et 71 % des sommes allouées totales, en fonction du territoire étudié (attention: un financement octroyé pour un an peut être facilement renouvelable annuellement, ou s’intégrer dans un accompagnement de long-terme).
- Les fondations représentent entre 20 % et 35 % des sommes allouées, en fonction du territoire.

Soutien à la sécurité alimentaire – Quelques faits saillants qualitatifs
- La majorité des partenaires impliqués ont manifesté une volonté de mieux collaborer, avec plus de partenaires, afin de répondre aux besoins grandissants. Et plusieurs ont également nommé leur souhait d’adopter collectivement une vision plus systémique de la sécurité alimentaire.
- Des barrières systémiques freinent cependant la collaboration: silos entre les partenaires (ministères, services institutionnels, secteur philanthropique), multiplication des planifications à différentes échelles, cultures organisationnelles variées entre les types de partenaires, qui peuvent compliquer les processus d’arrimage, la communication, et le partage de données.

Pistes d’action pour la suite …
- Inclure des mesures structurelles pour une véritable stratégie assurant la sécurité alimentaire, visant à hausser les revenus des ménages, d’une part, et contenir le coût de la vie d’autre part (ex.: développer le nombre de logements sociaux, tester une sécurité sociale de l’alimentation, etc.).
- Améliorer la prévisibilité dans les financements disponibles, autant pour les organismes qui portent les actions que pour les partenaires financiers qui ont le mandat de gérer des enveloppes décidées par d’autres instances.
- Renforcer la participation des partenaires financiers et des organismes aux priorités régionales et locales, et améliorer l’alignement des différents leviers financiers avec ces priorités.
- Améliorer les complémentarités entre le financement basé sur des subventions, et le soutien aux activités d’économie sociale génératrices de revenus, afin de renforcer la pérennité des actions porteuses.
Partage d’information
- Pousser encore plus loin les démarches de transparence pour les partenaires financiers: partage de sa stratégie, enveloppes, performance, évaluation, projets soutenus, etc.
- Pousser la collaboration de « recherche »: élargir le périmètre de ce portrait en intégrant des données socio-démographiques et sur l’insécurité alimentaire, lancer des études sur les zones d’ombre identifiées, bâtir une cartographie élargie des partenaires financiers, etc.
- Se doter d’un tableau de bord partagé et évolutif, permettant de recueillir des données en temps réel
Collaboration dans un but de meilleure efficacité des financements
- Augmenter la flexibilité des enveloppes sur chaque territoire, en termes de: balises géographiques, durée (privilégier plusieurs années, assurées dès le début pour plus de prévisibilité), type de financements (à la mission), type de projets et structures juridiques admissibles
- Diversifier les types de financements (individuellement et collectivement): pour l’innovation, mais aussi la bonification de l’existant, pour la mise en œuvre des apprentissages, etc.
- Privilégier, lorsque possible, des appels conjoints sur un territoire pour une même enveloppe octroyée par le provincial, et de façon générale, continuer les efforts visant à faciliter les demandes et la reddition de comptes
- Intégrer les organismes à la gouvernance des enveloppes gérées à l’échelon local ou régional
- S’appuyer sur les atouts de chaque type de partenaire: indépendance des fondations, capacités de financements structurants pour les ministères, connaissance du territoire pour les institutions locales et régionales et les concertations
Collaborations hors financement
- Se doter d’une définition claire et commune aux trois territoires du financement de la sécurité alimentaire, la plus systémique possible, pour élargir la vision de la sécurité alimentaire au-delà de l’insécurité alimentaire (chacun pouvant ensuite déterminer ses priorités dans ce cadre commun)
- Capitaliser sur le pouvoir d’influence des partenaires non gouvernementaux, notamment les fondations, pour développer un plaidoyer commun envers le gouvernement provincial
- Se doter d’une feuille de route (par territoire, ou commune) pour améliorer la sécurité alimentaire, avec une vision systémique
- Créer ou identifier une plateforme de dialogue et de coopération sur le financement de la SA par territoire, avec des liens inter-territoires
- Identifier les planifications de référence auxquelles arrimer les actions en sécurité alimentaire (ex.: plans de développement de communautés nourricières, plans de lutte contre la pauvreté, etc.)
La recherche expose aussi la recommandation de faire usage de la définition du financement de la sécurité alimentaire et de la nutrition proposée par la FAO en 2024 :
« Les ressources financières publiques et privées, intérieures et étrangères, qui visent à l’élimination de la faim, de l’insécurité alimentaire et de toutes les formes de malnutrition. Le but est de garantir l’accès à une alimentation nutritive et sûre, ainsi que la disponibilité, l’utilisation et la stabilité de cette alimentation, et des pratiques favorisant une alimentation saine, ainsi que des services de santé, d’éducation et de protection sociale qui rendent cela possible.
L’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, FAO, 2024
Sont incluses les ressources financières ayant pour objet de renforcer la résilience des systèmes agroalimentaires face aux principaux facteurs et aux causes structurelles sous-jacentes de la faim, de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition. »